J'ai aimé cet extrait du livre "le sumo qui ne pouvait pas grossir" d'Eric-Emmanuel SCHMITT. Cette métaphore m'a fait pensé à ce que la thérapie peut apporter. Combien il est important de ne pas étouffer ce que l'on a vécu, ce que l'on ressent pour se permettre de vivre pleinement, enraciné.
"Après un long moment, Shomintsu saisit une noix de cajou dans un bol et me la désigna.
- Je vais t'expliquer, Jun, pourquoi tu ne te développes pas. Si j'enfonce cette noix dans une terre grasse, tendre, bien remuée, il y a de fortes chances qu'elle se développe, plonge ses racines et déploie un arbre au-dessus d'elle. En revanche, si je la pose ici...
Il coucha la noix sur le sol en ciment.
- ... elle sèchera, mourra. pourquoi ne profites-tu pas ? Parce que tu ne peux pas te nourrir de toi : tu t'es coupé de ton âme, posé sur un sol artificiel, une graine à même le béton . Sans racines, tu ne croîtras pas !
- Qu'est-ce, le béton, chez moi ?
- L'inconscience.
- Je ne comprends pas.
- Tu agonises parce que tu as tout recouvert, tes émotions, tes problèmes, ton histoire. Tu ne sais pas qui tu es, donc tu ne construis pas à partir de toi.
Je réfléchis longuement puis répliquai avec calme :
- Vous confondez, maître Shomintsu, c'est vous qui me méconnaissez. Moi, je sais qui je suis.
-Certes, je l'ignore, mais ça ne me gêne pas. A moi, tu peux cacher ton nom, ton origine, tes traumatismes, ça ne m'empêche pas de vivre. Toi, si tu te les caches, ça t'empêche de vivre.
- Sans intérêt, mon passé. Vous seriez déçu.
- Hum... Quand on dit peu, ça cache beaucoup.
- Si je dis peu, c'est pour oublier.
- Là est ton erreur, Jun. Ce qu'on refoule pèse plus lourd que ce qu'on explore. Aujourd'hui, tu peux partir et renoncer à ta carrière de sumo : je ne te retiendrai pas. Cependant, j'ai peur que tu fausses compagnie à ton destin. Continue ainsi, Jun, tu n'auras pas d'avenir. "
Ma dernière lecture :
"Le cri de la mouette" d'Emmanuel LABORIT
"Mouette comédienne sur la vague du public silence, écoute. Ecoute bien, de tout ton corps. Cette musique, ce rythme du public, leurs rires, leurs émotions, tu dois les percevoir. Ecoute, de tout ton être.
J'ai trouvé ! C'est fabuleux. Je sens les vibrations positives ou négatives, la chaleur ou la froideur du public. Je viens de découvrir quelque chose qui ne peut pas s'expliquer. Ni par écrit ni en signes. C'est au-delà des mots, des paroles, des bruits. C'est...peut-être, une osmose mystérieuse. Je n'en sais rien, mais j'ai trouvé. Je le tiens ! "